Des formes reconnues et classées

On a coutume de regrouper les mappemondes en trois grandes familles : les mappemondes hémisphériques, les œcuméniques et celles de type "mixte".

Les mappemondes hémisphériques représentent l'un des hémisphères dans son entier, généralement l'hémisphère supérieur, comprenant non seulement la région habitable connue, au nord, mais également la partie continentale habitable inconnue qui se trouve au sud de l'équateur.
   

Les mappemondes œcuméniques, en revanche, ne s'intéressent qu'au seul espace habité par les hommes : l'œcumène des Grecs, l'orbis terrae des Romains, ce que l'on appelle au Moyen Âge nostra habitatio. Le plus souvent sous forme d'un schéma réduit à son expression la plus simple, une figure en TO.

Cette image simple est cependant hiérarchisée : l'Asie, par son étendue, deux fois supérieure à celle des autres parties, et par sa situation à la fois orientale et sommitale, occupe une position dominante. Elle joue un rôle privilégié, parfois souligné dans le graphisme de son nom. Tandis que l'Afrique – déclarée dès le Ve siècle par Orose "plus petite et inférieure en tout" – occupe chichement un peu moins de la moitié de la partie inférieure.
  

 

Cette figure élémentaire très répandue voisine avec d'autres images plus élaborées, où la forme traditionnelle du TO tend à disparaître, à s'estomper derrière la complexité du tracé, tandis que les légendes et les vignettes occupent une place de plus en plus importante. À l'intérieur des trois parties du monde viennent s'ajouter, "ramassés sur une seule page : les régions, les provinces, les îles, les villes, les déserts, les marais, les mers, les montagnes, les fleuves". Les montagnes sous forme de chaînes ou de massifs constituent comme l'ossature de la terre. Les fleuves sont signifiés par deux traits parallèles, souvent coloriés, en vert ou en bleu, surdimensionnés. Des vignettes urbaines, sous forme de tours, de murailles ou d'églises, évoquent les cités comme autant d'empreintes de l'homme sur la terre, jusqu'aux hommes eux-mêmes, présents dans leur diversité et leur étrangeté.
   

Enfin, il existe une troisième catégorie, intermédiaire, que l'on pourrait qualifier de mappemondes mixtes, où se combinent la forme hémisphérique et la configuration de l'œcumène.

Ce type est extrêmement répandu au XIIe siècle. On en trouve de nombreux exemples dans le Liber floridus de Lambert de Saint-Omer et dans les manuscrits des œuvres de Guillaume de Conches.
   
 

Des images peintes ou coloriées


Les mappemondes sont parfois rehaussées de couleurs, bien que leur emploi ne soit pas systématique et qu'il n'existe pas véritablement de "système" de couleur signifiant.

L'Océan et les mers – qui communiquent toutes avec lui, y compris la mer Caspienne que l'on prend jusqu'au XIIIe siècle pour un golfe de l'Océan septentrional – sont souvent peints en vert. Si la mer Rouge prend la couleur de son nom, ce n'est pas, précisent les auteurs, que ses eaux soient rouges – l'eau est un élément incolore – mais simplement parce que la terre alentour est rouge – de corail ou de minium c'est selon – et communique sa couleur aux eaux. L'eau douce des fleuves est parfois soulignée de bleu, les montagnes coloriées en brun, voire en rouge.
   
 

Des images orientées


Les mappemondes proposent des images, plus ou moins complexes, le plus souvent orientées au sens propre, c'est-à-dire tournées vers l'est. Cette direction cardinale, celle du soleil levant, était peut-être celle des mappemondes romaines. Elle va prendre peu à peu une signification symbolique par association de l'orient avec la localisation du Paradis terrestre, mais surtout, comme l'explique au XIIe siècle Honorius Augustodunensis, par assimilation du soleil levant au Christ, véritable Soleil, vraie lumière, au moment où les églises tournent également leur chœur, lieu de la transsubstantiation, de la présence réelle du Christ ressuscité, vers l'est, vers l'orient. Cette direction orientale, pour être la plus fréquente, n'est cependant pas hégémonique. Il existe de nombreuses mappemondes, surtout parmi les mappemondes hémisphériques, orientées au nord. D'autres, peut-être sous l'influence de la cartographie musulmane, sont orientées au sud.