La Nuit de Mai
La Confession d'un enfant du siècle
La Nuit de Décembre
 
La Nuit d'Octobre
Alfred de Musset (1810-1857), auteur ; Eugène Lami (1800-1890), peintre ; Adolphe Lalauze (1838-1906), graveur.
Rehauts de gouache, mine de plomb, aquarelle (100x148 cm)
Rueil-Malmaison, châteaux de Malmaison et Bois-Préau, INV. MDO94
© RMN-Grand Palais (musée des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau) / Daniel Arnaudet
LE POÈTE.

Le mal dont j'ai souffert s'est enfui comme un rêve.
Je n'en puis comparer le lointain souvenir
Qu'à ces brouillards légers que l'aurore soulève
Et qu'avec la rosée on voit s'évanouir.

LA MUSE.

Qu'aviez-vous donc, ô mon poète !
Et quelle est la peine secrète
Qui de moi vous a séparé ?
Hélas ! je m'en ressens encore.
Quel est donc ce mal que j'ignore
Et dont j'ai si longtemps pleuré ?

LE POÈTE.

C'était un mal vulgaire et bien connu des hommes ;
Mais, lorsq ue nous avons quelque ennui dans le coeur,
Nous nous imaginons, pauvres fous que nous sommes,
Que personne avant nous n'a senti la douleur.

LA MUSE.

Il n'est de vulgaire chagrin
Que celui d'une âme vulgaire.
Ami, que ce triste mystère
S'échappe aujourd'hui de ton sein !
Crois-moi, parle avec confiance ;
Le sévère dieu du silence
Est un des frères de la Mort ;
En se plaignant on se console,
Et quelquefois une parole
Nous a délivrés d'un remord.

[...]

Alfred de Musset, La Nuit de d'Octobre, dans Oeuvres complètes illustrées, 1927-1929
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