Le Scapin, le Matamore et le Tyran
Le baron de Sigognac
Isabelle et Vallombreuse
Chiquita et le brigand
Le Capitaine Fracasse
Théophile Gautier (1811-1872), auteur du texte ; Gustave Doré (1832-1883), illustrateur ; Charpentier, éditeur, Paris.
In-4°, 500 p.
BnF, Réserve des livres rares, RES-Y2-1003
© Bibliothèque nationale de France
Agostin et Chiquita préparent une embuscade pour attaquer la troupe des comédiens. L’embuscade n’est qu’une mise en scène : Agostin dispose des cadavres d’anciens compagnons en guise d’épouvantails qui font, de loin, illusion.

« Sa besogne terminée, le bandit alla se planter sur la route pour juger de l'effet de la mascarade. Les brigands de paille avaient l'air suffisamment horrifique et féroce, et l'œil de la peur pouvait s'y tromper dans l'ombre de la nuit ou le crépuscule du matin, à cette heure louche où les vieux saules, avec leurs tronçons de branches, prennent au rebord des fossés la physionomie d'hommes vous montrant le poing ou brandissant des coutelas.
– Agostin, dit Chiquita, tu as oublié d'armer tes mannequins !
– C'est vrai, répondit le brigand. À quoi donc pensais-je ? Les plus beaux génies ont leurs distractions ; mais cela peut se réparer.
Et il mit au bout de ces bras inertes de vieux fûts d'arquebuses, des épées rouillées, ou même de simples bâtons couchés en joue ; avec cet arsenal, la troupe avait au bord des talus un aspect suffisamment formidable.
"Gomme la traite est longue du village à la dînée, ils partiront sans doute à trois heures du matin ; et quand ils passeront devant l'embuscade, l'aube commencera à poindre, instant favorable, car il ne faut à nos hommes ni trop de lumière, ni trop d'ombre. Le jour les trahirait, la nuit les cacherait. En attendant, faisons un somme. Le grincement des roues non graissées du chariot, ce bruit qui met en fuite les loups épouvantés, s'entend de loin et nous réveillera. Nous autres qui ne dormons jamais que d'un œil comme les chats, nous serons bien vite sur pied." »

Théophile Gautier, Le Capitaine Fracasse, chapitre IV, 1863.
>Texte intégral dans Gallica : Charpentier, 1863
 
 

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