Charles Bovary
Emma chez la nourrice
Emma Bovary
Emma et Charles
Emma Bovary
Madame Bovary
Gustave Flaubert (1821-1880), auteur ; Albert Fourié (1854-1937), dessinateur ; Eugène-Michel-Joseph Abot (1836-1894), graveur, Paris, 1885.
In-8°
BnF, Réserve des livres rares, RES P-Y2-1441
© Bibliothèque nationale de France
Emma Bovary souffre d'insatisfaction chronique. Après les premiers émois, sa relation avec Léon lui paraît dépassionnée, monotone et sans goût comparée à ses romans et à ses rêveries.

« Ils en vinrent à parler plus souvent de choses indifférentes à leur amour ; et, dans les lettres qu’Emma lui envoyait, il était question de fleurs, de vers, de la lune et des étoiles, ressources naïves d’une passion affaiblie, qui essayait de s’aviver à tous les secours extérieurs. Elle se promettait continuellement, pour son prochain voyage, une félicité profonde ; puis elle s’avouait ne rien sentir d’extraordinaire. Cette déception s’effaçait vite sous un espoir nouveau, et Emma revenait à lui plus enflammée, plus avide. Elle se déshabillait brutalement, arrachant le lacet mince de son corset, qui sifflait autour de ses hanches comme une couleuvre qui glisse. Elle allait sur la pointe de ses pieds nus regarder encore une fois si la porte était fermée, puis elle faisait d’un seul geste tomber ensemble tous ses vêtements ; — et, pâle, sans parler, sérieuse, elle s’abattait contre sa poitrine, avec un long frisson.
Cependant, il y avait sur ce front couvert de gouttes froides, sur ces lèvres balbutiantes, dans ces prunelles égarées, dans l’étreinte de ces bras, quelque chose d’extrême, de vague et de lugubre, qui semblait à Léon se glisser entre eux, subtilement, comme pour les séparer. »

Gustave Flaubert, Madame Bovary, troisième partie, chapitre VI, 1857.
>Texte intégral dans Gallica : Paris, Charpentier, 1881
 
 

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