Gavarni (1804-1866), dessinateur ; Lemercier, imprimeur, Paris, 1840.
101 pl. : lithographies ; 43,5 cm (vol.)
Rosanette est une « demi-mondaine », c'est-à-dire une femme entretenue par un amant en titre, qui reçoit et qui est reçue dans le monde. On les appelle également « cocottes » ou « grandes horizontales ». Au contraire de madame Arnoux, que Frédéric aime d'un amour vénérable et platonique, Rosanette incarne la femme vénale. Entretenue par monsieur Arnoux et le père Oudry, elle devient ensuite la maîtresse de Frédéric et la mère de son enfant, qui meurt en bas âge, au grand soulagement de Frédéric.
C'est Arnoux qui présente Rosanette à Frédéric, lors d'un bal.
« Quand le quadrille fut achevé, Mme Rosanette l'aborda. Elle haletait un peu, et son hausse-col, poli comme un miroir, se soulevait doucement sous son menton.
– Et vous, monsieur, dit-elle, vous ne dansez pas ?
Frédéric s'excusa, il ne savait pas danser.
– Vraiment ! mais avec moi ? bien sûr ?
Et, posée sur une seule hanche, l'autre genou un peu rentré, en caressant de la main gauche le pommeau de nacre de son épée, elle le considéra pendant une minute, d'un air moitié suppliant, moitié gouailleur. Enfin elle dit "Bonsoir !" fit une pirouette, et disparut.
Frédéric, mécontent de lui-même, et ne sachant que faire, se mit à errer dans le bal. »
Gustave Flaubert,
L’Éducation sentimentale, II, 1, 1869.
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