Le commerce en Méditerranée
 

    
  Deux carrefours en Orient : Bagdad, Le Caire
  Après la conquête islamique, les échanges commerciaux connaissent un développement considérable en Méditerranée. Dès la fin du VIIIe siècle, Bagdad devient une véritable plaque tournante du commerce mondial où convergent les principaux itinéraires. Sur terre et par mer, les marchands musulmans sillonnent leur immense empire. Ils s’aventurent jusqu’en Extrême-Orient, dans les régions les plus reculées du monde connu, d’où ils rapportent de précieuses céramiques et soieries. Pour satisfaire leur goût pour les produits de luxe, les califes* encouragent l’essor du commerce. Les marchands jouissent d’un grand prestige dans la société islamique. Ils disposent d’une protection juridique et d’un système bancaire qui leur permettent de mener à bien de fructueuses affaires.
Au Xe siècle, avec l’établissement des califes fatimides* en Égypte et leur domination sur la Syrie, Bagdad perd sa position prédominante au profit du Caire. Une partie du trafic oriental qui passait par le golfe Persique est détournée vers les ports de la mer Rouge, acheminée par caravanes jusqu’au Nil et par le fleuve jusqu’au Caire. Côté Méditerranée, Alexandrie devient un port incontournable pour les échanges avec l’Occident musulman ou chrétien.
    
  Les marchands italiens
À partir du XIIe siècle, l’Occident pèse d’un poids nouveau dans le commerce en Méditerranée. Les flottes de Pise et de Gênes chassent les musulmans de Corse et de Sardaigne et s’imposent progressivement dans le commerce oriental. La majeure partie du trafic de d’al-Andalus* et du Maghreb vers la Syrie et l’Égypte est déjà effectuée par des navires italiens. La Reconquista favorise l’arrivée des marchands catalans et l’essor du port de Barcelone.
Les tissus orientaux sont concurrencés par ceux produits dans les grandes villes drapières (ou "drapantes") du Nord et vendus aux marchands italiens dans les foires de Champagne, plaques tournantes du commerce international à partir du milieu du XIIe siècle. L’industrie textile s’essouffle dans l’Empire byzantin dont l’économie stagne. Une récession qui touche également le monde musulman, à l’exception de l’Égypte. L’Occident impose son hégémonie économique. Sa croissance se traduit par le commerce des surplus agricoles et des produits artisanaux fabriqués en grande quantité : draps de laine et armes, ainsi que bois, fer et poix nécessaires à la construction des navires. En échange, les Occidentaux cherchent à obtenir en Orient les épices, l’alun* et la soie brute pour alimenter les nouveaux marchés d’Italie du Nord et des Flandres.
    
  La puissante Venise
  Dès le Xe siècle, les Vénitiens ont obtenu de Byzance de nombreux privilèges commerciaux. Installés à Constantinople où ils possèdent des quais et un quartier réservé, les marchands vénitiens ont le droit de commercer librement dans tout l’empire. Très tôt, les habitants de cette cité, protégés par la lagune, se sont dotés d’une flotte leur permettant de commercer avec les cités musulmanes. Peu à peu, ils se sont construit un véritable empire colonial en Méditerranée en multipliant les établissements commerciaux.
    
 
    
  Les Vénitiens se heurtent à la concurrence des Pisans et des Génois dont les comptoirs, installés sur les rivages orientaux de la Méditerranée et jusqu’en mer Noire, sont fréquentés par les caravanes venues de l’est et notamment de Bagdad. Au XIIe siècle, afin de limiter la mainmise de Venise sur le commerce byzantin, les empereurs favorisent Pise et Gênes en exploitant les rivalités entre les cités italiennes. Les relations des Grecs avec les marchands italiens se dégradent cependant et la population de Constantinople massacre tous les Latins présents dans la ville en 1182. Pour prendre sa revanche et rétablir sa position commerciale, la république de Venise finance la quatrième croisade et obtient, en contrepartie, que les croisés fassent un détour par Constantinople. Prise en 1204, la ville est saccagée et l’empire mis au pas. La suprématie économique des Latins sera désormais incontestée.