Tous les savoirs du monde :
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1. L'âge d'or du dictionnaire,
le XIXe siècle 2. Un siècle critique, le XXe siècle |
2. L'encyclopédisme au XXe siècle : une entreprise critique |
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Comprendre, douterAu XXe siècle, la grande foi positiviste en un progrès de l'humanité par le développement du savoir a été définitivement ébranlée par une série de cataclysmes :
Dans ce contexte, les projets encyclopédiques ne peuvent plus se contenter de satisfaire la curiosité, ils ont vocation à alimenter la réflexion collective devenue nécessaire.
L'Encyclopédie de la Pléiade, dont Raymond Queneau accepte en 1954 la direction, est une entreprise totalement paradoxale puisque son auteur n'hésite pas à proclamer :
qu'« une Encyclopédie vraie est actuellement une
absurdité », En suivant un ordre méthodique, il souhaite conduire le chercheur à sortir de sa spécialité et amener le « lecteur brut à devenir (s'il ne l'est déjà !) un lecteur éclairé, c'est-à-dire lui apprendre à apprendre ». L'encyclopédie est désormais une entreprise critique qui enseigne l'ignorance et le doute, dégageant par là, peut-être, la possibilité de l'invention.
Au sommet l'homme dans sa dignité ; l'homme force pensante, aimante,
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Savoir(s) et ignorance(s)
Nos savoirs, loin de se dégager au cours de l'histoire comme une architecture massive et limpide, se révèlent au contraire comme opaques et troués d'ignorances. Ces ignorances revêtent plusieurs formes.
Mais cette augmentation du savoir ne produit pas une diminution de l'ignorance, au contraire : le savoir secrète au fur et à mesure de son développement de nouvelles interrogations. À l'image de ce philosophe grec (Thalès) qui regardait les étoiles et tombait dans un puits, le chercheur du XXe siècle, fixant des constellations nouvelles, voit sans cesse l'ignorance lever à ses pieds, comme une herbe intarissable.
Ainsi l'une des découvertes les plus importantes des sciences humaines au cours des trois derniers siècles est celle « des conséquences non intentionnelles de nos actions ». À cause des connexions qui relient l'ensemble du monde, la portée de nos actes a cessé d'être mesurable, les effets nous échappent et comme l'écrit Bernard Michaux dans Qu'est-ce qu'on ne sait pas ?: ce qu'on ne sait pas fait rage contre nous .
Le langage, véhicule privilégié de transport du savoir, est une ample réserve de boîtes noires. Pour la psychanalyse, nous ressemblons à des messagers qui ignorent le contenu des messages qu'ils portent. L'origine même de la pensée nous est inconnue : pour les neurophysiologues, personne ne peut expliquer comment une décision, une idée, « un rayon de sagesse », parviennent dans notre cerveau. Pour les astrophysiciens, l'inexplicable est vertigineux : « Pourrons- nous jamais expliquer ce fantastique travail de précision ? » se demande Trinh Xuan Thuan. Le futur est un vaste champ semé de points d'interrogation : selon la théorie du chaos, « toute prévision est impossible puisque les différences les plus infimes et non mesurables aux points de départ peuvent entraîner des résultats très différents plus tard » (Michel Winock). Le passé nous serait-il mieux connu, plus sûr ? Sûrement pas si l'on en croit à nouveau Michel Winock : « Les historiens peuvent bien parvenir à des certitudes sur la réalité vérifiable de tel ou tel événement, ce travail d'annaliste ou de greffier ne nous apprend rien en profondeur : tout au plus met-il un peu d'ordre dans le chaos de la vie passée. Au-delà, au stade supérieur de l'explication et de l'interprétation propre à l'historien, on ne trouve plus que des esprits spéculatifs en concurrence. » Enfin, pour ce qui est de savoir vivre ensemble, on peut dire que les hommes balbutient encore.
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1. L'âge d'or du dictionnaire,
le XIXe siècle 2. Un siècle critique, le XXe siècle |