Formes brèves : Nacer Khémir raconte Mille et Une Nuits
Théâtre National de Chaillot : programme de la saison 1981-82
BnF, département des Arts du spectacle, WNA-21 (1981-1982), pochette 3
© Photo Marc Garanger
« À Chaillot, dans le Grand Foyer, un kiosque de mousseline est tendu : on y accède comme au creux d’un escargot. Sur un trône, un homme et surtout sa voix. Un chandelier donne la lumière. La voix, sinueuse, chargée d’inflexions brûlantes, étouffées, déroule des merveilles ; à partir d’un premier mensonge, les images appellent les images, les contes gigognes s’emboîtent : histoires de coffres qu’on enterre sous la lune, de guetteur perché dans son palmier, d’adolescent rebelle à l’amour, endormi dans sa tour et que contemple la fée éblouie, escaliers qui conduisent à la mer, poissons qui parlent, têtes qui volent, amour qui s’éveille, marchands et voyages…
L’Orient est là. Les mots, comme les perles, scintillent derrière la mousseline. L’espace des contes n’est rien d’autre que cette coquille qui nous retient prisonnier ; on reviendrait bien ici chaque soir, car, comme pour le Sultan, l’histoire change chaque soir. Au-delà du récit enchanté, ce que vise le poète conteur Nacer Khémir, c’est d’évidence le théâtre même de la parole, cette mise en scène du conteur par lui-même, cette mise sous le charme (comme on charme les serpents), cérémonie éphémère et immortelle entre l’immensité d’une parole si puissante et la fragilité d’un corps ramassé, tendu et presque immobile, du conteur nomade. »
Article de Bernard Raffalli, publié dans Le Monde du 23 mars 1982
L’Orient est là. Les mots, comme les perles, scintillent derrière la mousseline. L’espace des contes n’est rien d’autre que cette coquille qui nous retient prisonnier ; on reviendrait bien ici chaque soir, car, comme pour le Sultan, l’histoire change chaque soir. Au-delà du récit enchanté, ce que vise le poète conteur Nacer Khémir, c’est d’évidence le théâtre même de la parole, cette mise en scène du conteur par lui-même, cette mise sous le charme (comme on charme les serpents), cérémonie éphémère et immortelle entre l’immensité d’une parole si puissante et la fragilité d’un corps ramassé, tendu et presque immobile, du conteur nomade. »
Article de Bernard Raffalli, publié dans Le Monde du 23 mars 1982
Images liées
© BnF, Éditions multimédias, 2019