Le soulier de satin ou Le pire n'est pas toujours sûr de Paul Claudel
Mise en scène de Jean-Louis Barrault
Paris, Comédie-Française, création le 27 novembre 1943
Article de presse illustré publié dans Aspects du 7 janvier 1944
BnF, département des Arts du spectacle, 8-RSUPP-1453
© Bibliothèque nationale de France
Aujourd’hui, tout événement artistique réalisé dans le cadre de l’Occupation est considéré comme suspect. La création du Soulier de satin dans le cadre très officiel de la Comédie-Française avec un public composé pour partie d’officiers allemands est souvent relevée. Après la Libération, Charles Maurras tentera même de dépeindre l’événement comme un acte collaborationniste en jouant sur les sympathies que Claudel avait connues en Allemagne entre 1911 et 1930, oubliant son patriotisme farouchement anti-germanique et anti-nazi.
Si l’événement est resté dans les annales du théâtre, c’est d’abord par son caractère exceptionnel dans le contexte : malgré les restrictions terribles, les coupures d’électricité, le couvre-feu et les alertes fréquentes, Barrault a réussi à mobiliser toutes les ressources disponibles pour créer, malgré les retards, un spectacle prestigieux consacré à un auteur contemporain. Il témoignait de la grandeur de l’art français et célébrait des valeurs de sacrifice et d’espérance spirituelle qui prenaient un sens symbolique important dans le contexte. Le succès fut considérable. Claudel, alors connu pour ses sympathies envers les alliés ou sa défense des populations juives persécutées, n’était plus, depuis longtemps, le poète qui avait célébré le Maréchal Pétain dans les premiers mois du régime de Vichy. Les représentations du Soulier, étaient attaquées par certains ultras de la Collaboration – dont le célèbre critique Alain Laubreaux dans Je suis partout. Le fait que les représentations, interrompues en mai 1944 – et semble-t-il freinées à la demande des Allemands –, aient repris dans le Paris libéré pour 20 représentations, à partir du 2 novembre 1944, montre le sens politique dominant qui leur était alors donné. La phrase finale de Frère Léon, « Délivrance aux âmes captives ! », prenait un sens particulièrement fort dans le contexte de la France occupée.
Si l’événement est resté dans les annales du théâtre, c’est d’abord par son caractère exceptionnel dans le contexte : malgré les restrictions terribles, les coupures d’électricité, le couvre-feu et les alertes fréquentes, Barrault a réussi à mobiliser toutes les ressources disponibles pour créer, malgré les retards, un spectacle prestigieux consacré à un auteur contemporain. Il témoignait de la grandeur de l’art français et célébrait des valeurs de sacrifice et d’espérance spirituelle qui prenaient un sens symbolique important dans le contexte. Le succès fut considérable. Claudel, alors connu pour ses sympathies envers les alliés ou sa défense des populations juives persécutées, n’était plus, depuis longtemps, le poète qui avait célébré le Maréchal Pétain dans les premiers mois du régime de Vichy. Les représentations du Soulier, étaient attaquées par certains ultras de la Collaboration – dont le célèbre critique Alain Laubreaux dans Je suis partout. Le fait que les représentations, interrompues en mai 1944 – et semble-t-il freinées à la demande des Allemands –, aient repris dans le Paris libéré pour 20 représentations, à partir du 2 novembre 1944, montre le sens politique dominant qui leur était alors donné. La phrase finale de Frère Léon, « Délivrance aux âmes captives ! », prenait un sens particulièrement fort dans le contexte de la France occupée.
© BnF, Éditions multimédias, 2019