Vers 1860.
Musée d’Orsay (dépôt au musée du Louvre, département des Arts graphiques), RF 41643, recto
Baudelaire s’est livré avec constance à l’exercice de l’autoportrait. En témoignent non seulement les dessins qu’il a laissés de lui-même, mais aussi ses nombreux portraits photographiques, réalisés par de grands maîtres comme Nadar ou Carjat mais à la construction desquels il a pris une part active, en dandy qui se doit de « vivre et dormir devant un miroir ». C’est que rien n’est plus foncièrement mélancolique que l’autoportrait, où le moi se dédouble en sujet et objet, auteur et personnage : dans l’effort de se saisir dans une entière présence à soi, l’artiste éprouve toute la difficulté de se rassembler et fixer dans une identité stable, toujours menacée par la tension qui est celle « de la vaporisation et de la centralisation du Moi ».
Ce dessin reproduit en sens inverse le visage de Baudelaire tel qu’il apparaît dans le portrait photographique «
aux gravures » réalisé par Carjat vers octobre 1863.