Félix Tournachon, dit Nadar, 1862.
Épreuve sur papier albuminé d’après un négatif sur verre au collodion, 14,4 × 10,4 cm
« Il était d’un abord réservé, presque glacial et les coins de sa bouche formaient une sorte de pli amer et un peu dédaigneux. Ce qui éloignait bien des gens. La photographie qui me le rappelle le mieux, c’est une photographie qu’a faite mon père. Baudelaire est de face, les deux mains dans ses poches. »
Paul Nadar, cité par Charlotte Brière dans « L’enfant qui a connu Baudelaire »,
Micromegas, 10 avril 1938, p. 3.
Félix Nadar fut l’un des proches de Baudelaire, il l’a caricaturé, photographié et lui a consacré une étude à la fin de sa vie :
Charles Baudelaire intime : le poète vierge, où il le décrit ainsi : « En voyant cette tête toujours singulière s’évasant du collet de la houppelande invariablement retroussé, nez vigoureusement lobé entre ces deux yeux qu’on n’oubliait plus : deux gouttes de café, sous des sourcils retroussés, – lèvres serrées et amères, mauvaises, cheveux argentés avant l’âge, tantôt trop courts, tantôt trop longs, visage glabre, cléricalement rasé jusqu’au scrupule le passant saisi, comme inquiet, songeait ‟Celui-là n’est pas tout le monde.ˮ » (
p. 30)
Les deux hommes se sont rencontrés en 1843. Nadar est parfois venu en aide au poète et Baudelaire lui a dédié «
Le Rêve du curieux », un sonnet des
Fleurs du Mal auquel Nadar disait ne rien comprendre du tout... Néanmoins, comme Baudelaire l’a écrit, Nadar « est un de [ses] meilleurs et de [ses] plus vieux amis », il aime la folie et « les bizarreries qui composent [sa] nature exceptionnelle » et a été « jaloux de lui à le voir si bien réussir dans tout ce qui n’est pas l’abstrait ». À la mort de Baudelaire, Nadar publiera un long article dans
Le Figaro d’Hippolyte de Villemessant.
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Les Nadar