Georges Louis Leclerc, comte de Buffon,
1707-1788 :

Une aptitude à la patience

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[Sommaire du Cahier TSM]

BIOGRAPHIE

Né à Montbard, dans une riche famille de la noblesse de robe, Buffon fait des études secondaires dans un collège de jésuites, étudie le droit à l’Université de Dijon et la médecine, la botanique et les mathématiques à Angers.

En 1734, il entre à l’Académie des sciences comme « adjoint- mécanicien ». Il s’intéresse à tous les domaines de la nature : botanique, biologie, chimie, géologie, utilise les mathématiques comme un outil, et effectue des recherches sur les organes reproducteurs des animaux. Nommé Intendant du Jardin du roi en 1739, il va agrandir ce jardin et en enrichir sans cesse les collections, tout en travaillant à son Histoire naturelle. Il connaît la gloire dès la parution des trois premiers volumes (1749). L’Académie française lui ouvre ses portes en 1753 et il sera membre de toutes les grandes académies européennes.

Buffon entend faire oeuvre de vulgarisation et souhaite être lu par le plus grand nombre. Aussi soigne-t-il son style, empreint d’un lyrisme qu’il revendique. Il est d’ailleurs considéré par ses contemporains comme un grand écrivain et même un grand poète. Son Histoire naturelle remportera un succès considérable, rivalisant avec l’Encyclopédie de Diderot (le plus gros succès d’édition européen du siècle). Trente-six volumes seront publiés de son vivant (1749-1785) et huit autres après sa mort.

Son approche est celle d’un philosophe : il commence d'abord par réfléchir sur la valeur de la connaissance humaine. Son but est de découvrir les vraies lois de la nature; il pense que l’homme peut y parvenir. Disciple de Locke, il croit en la raison humaine et au pouvoir de l’entendement. Il s’affirme comme un adversaire des classifications et s’oppose à Linné. Il ne veut connaître que l’espèce qu’il définit comme « une succession continue d’individus semblables qui peuvent se reproduire entre eux ». Dès le début de son Histoire naturelle, il critique l’oeuvre de Linné, estimant les êtres vivants trop complexes pour être classés selon un seul caractère. Par ailleurs, le botaniste français remet en question le dogme de la fixité des espèces sur lequel le Suédois fonde sa classification.

Buffon ne se contente pas de décrire les espèces, il note systématiquement pour chaque individu son environnement, son histoire, ses moeurs. En réunissant plusieurs espèces voisines physiologiquement mais de m urs ou d’habitat différents, il constitue des familles ayant une unité biologique. Pour lui, ces familles sont issues d’une espèce unique qui se serait diversifiée avec le temps, sans cependant modifier les caractères biologiques essentiels. Ainsi pressent-il la théorie de l’évolution sans cependant adhérer à l’hypothèse du transformisme présentée par Maupertuis en 1751 : il attribue ces variations à un rassemblement spontané de « molécules organiques ».

Dans les Époques de la nature (1779), il propose une nouvelle chronologie de l’histoire de la Terre, divisée en sept époques, ainsi qu’un âge de la planète (75 000 ans); il va même jusqu’à émettre des hypothèses sur l’apparition des premiers êtres vivants, leurs migrations avant la séparation des continents et leurs différenciations en fonction de leur environnement.

OEUVRES PRINCIPALES

- L’Histoire naturelle de Buffon, en trente-six volumes,

- Histoire naturelle, générale et particulière (1749-1767), quinze volumes,

- Histoire naturelle des oiseaux (1770-1783), neuf volumes,

- Supplément à l’Histoire naturelle (1774-1789), sept volumes,

- Histoire naturelle des minéraux et Traité de l’aimant (1783-1788), cinq volumes,

- Époques de la nature.

Buffon s’adjoint la collaboration du médecin Daubenton pour l’histoire des quadrupèdes et celles de Guéneau de Montbeillard et de l’abbé Bexon pour l’histoire des oiseaux. ,

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CITATIONS

  1. Le style est l’homme même.
    Discours sur le Style, 1753.
  2. Lorsqu’on est parvenu à rassembler des échantillons de tout ce qui peuple l’Univers, lorsqu’après bien des peines, on a mis dans un même lieu des modèles de tout ce qui se trouve répandu avec profusion sur la terre et qu’on jette pour la première fois les yeux sur ce magasin rempli de choses diverses nouvelles et étrangères, la première sensation qui en résulte, est un étonnement mêlé d’admiration, et la première réflexion qui suit, est un retour humiliant sur nous-mêmes [...].
    En se familiarisant avec ces mêmes objets, en les voyant souvent, et, pour ainsi dire, sans dessein, ils forment peu à peu des impressions durables, qui bientôt se lient dans notre esprit par des rapports fixes et invariables; et de là nous nous élevons à des vues plus générales, par lesquelles nous pouvons embrasser à la fois plusieurs objets différents; et c’est alors qu’on est en état d’étudier avec ordre, de réfléchir avec fruit, et de se frayer des routes pour arriver à des découvertes utiles.

    De la manière d’étudier et de traiter l’histoire naturelle.
  3. [Il faut] se servir de toutes les parties et chercher les différences ou les ressemblances dans l’individu tout entier.
  4. Le génie n'est qu'une plus grande aptitude à la patience.
  5. [On trouve, chez Buffon] la hauteur et la cohérence des vues, l’ampleur du champ embrassé, le souci de divulgation qui font l’encyclopédisme, avec le souci constant des collections accumulées au Cabinet d’histoire naturelle du roi, et aussi le goût, maintes fois prouvé, de l’ordre et de la clarté dans les conceptions.
    Yves Laissus, catalogue de l’exposition Tous les Savoirs du monde.

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ICONOGRAPHIE

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