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Tous les Savoirs du Monde :
L'Occident Chrétien

[Les dossiers pédagogiques]

1. Enseignement Médiéval
2. Modèles des "Miroirs"
3. Premier traité de science politique
4. Méthodes d'apprentissage
5. Premières Bibliothèques Royales
6. Compilation encyclopédique

[Sommaire du Dossier TSM]

2. Les MIROIRS, traité d'éducation à l'usage des Princes

 

Une instruction par l’exemple

Les Miroirs (Speculum), qui apparaissent à l’époque carolingienne, sont destinés à renvoyer aux princes l’image idéale du gouvernant : un modèle de sagesse. Rédigés par des clercs, ils édictent les devoirs moraux attachés à la fonction royale et les vertus indispensables à tout prince chrétien. Ils expriment aussi la volonté du pouvoir ecclésiastique de contrôler et de limiter le champ d’action de la monarchie : le roi n’est que l’élu désigné par Dieu et doit mettre sa puissance au service de l’Église. Déjà au Ve siècle, saint Augustin, dans la Cité de Dieu, assignait pour fondements à la monarchie la paix, l’ordre et la justice.
 

 

Entièrement dévolus à l’édification des rois durant toute  l’époque carolingienne, les Miroirs, à partir du XIIIe siècle, entendent, en s’appuyant sur des faits historiques, montrer une réalité exemplaire. Ainsi sont proposés en modèles des rois de l’ancien Testament (David, Salomon...) ou des empereurs chrétiens (Constantin, Théodose, Justinien...).


Prenant l’exemple de Charlemagne, le Carolinus (1200) de Gilles de Paris ci-contre, enseigne au futur Louis VIII les quatre vertus cardinales :
  • prudentia,
  • justicia,
  • fortitudo,
  • temperancia.

Gilles de Paris, Carolinus (extrait)
Paris, 3 septembre 1200
Paris, BnF.


 

Cinquante ans auparavant, Jean de Salisbury proposait une version augmentée du modèle princier (dans le Policraticus) : le souverain ne pouvait plus se contenter d’acquérir la sagesse, il devait être aussi savant.

 


 

Étaient ainsi posées les bases de l’idéologie monarchique, qui se développent au siècle suivant, en particulier avec saint Louis. Celui-ci suivra de près l’élaboration du Speculum Majus de Vincent de Beauvais. C’est sans doute à sa demande qu’une équipe de dominicains est chargée de rédiger un grand ensemble de « Miroirs des princes », dont fait partie le De eruditione filiorum regalium (« De l’éducation des enfants royaux ») et deux autres traités de Vincent de Beauvais destinés au futur Philippe III, ainsi que l’ouvrage du franciscain Gilbert de Tournai Eruditio regum et principum.
 

Louis IX lui-même, à la fin de sa vie, rédige en français, pour son fils Philippe et sa fille Isabelle, reine de Navarre, des Enseignements qui constituent un véritable Miroir des princes.

Philippe, à son tour, devenu Philippe le Hardi, fait composer par son confesseur, le frère Laurent, un Livre des vices et des vertus (1279) qui, sous le titre de Somme-le-Roi, servira de référence pédagogique durant plus de deux siècles.
 
Gilles de Rome poursuit la tradition en écrivant, en 1280, pour son élève le futur Philippe IV le Bel, petit-fils de saint Louis, un De Regimine principum (« Du gouvernement des Princes »), où il propose le modèle d’un roi-clerc omniscient qui maîtrise une culture encyclopédique bâtie sur les arts libéraux, la théologie, la métaphysique et les sciences morales.


La somme le roi de frère Laurent (extrait). Nord de la France, 1311
Paris, Bibl. de l'Arsenal
Cet ouvrage, marqué par l’influence aristotélicienne, reflète la volonté de former une intelligentsia royale. Il connaîtra un succès extraordinaire : copié, adapté, traduit dans plusieurs langues, il sera ensuite imprimé et réimprimé jusqu’en 1617.
 
 
  Les modèles des « Miroirs »

Rois bibliques (Salomon, David, Ézéchias, Josias) et empereurs chrétiens (Constantin, Théodose, Justinien et Léon) sont donnés au prince en exemples, par Guibert de Tournai dans son Eruditio regum et principum (ensemble de lettres adresséesà Louis IX). Sont également cités dans les miroirs les souverains qui s’entourèrent d’érudits illustres :

  • Alexandre qui eut Aristote pour précepteur,
  • Claude qui eut Sénèque,
  • Trajan enseigné par Plutarque,
  • Charlemagne qui s’adjoignit la collaboration d’Alcuin. 

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1. Enseignement médiéval
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3. Premier traité de science politique
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