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Isidore est né, a vécu et écrit
en Bétique (actuelle Andalousie), la province d'Espagne la
plus ouverte aux influences de l’Orient et de l’Afrique. En cette fin du
VIe siècle, ce pays va devenir le conservatoire de la culture
antique.
Isidore assiste à l’unification de
l’Espagne sous la domination des Wisigoths, qui s’y sont repliés au
début du VIe siècle, élisant Tolède pour
capitale. C’est sous l’influence de son frère aîné
Léandre, alors évêque de Séville,
que le roi Récarède, entraînant tout son peuple,
se convertit de l’arianisme au catholicisme (589). Isidore rendra
hommage au « premier monarque à régner sur l’Espagne tout
entière », après l’expulsion des Byzantins qui, sous
Justinien (527-565), avaient restauré l’autorité « romaine » en Andalousie.
Il succède à son frère à
l’évêché de Séville et conseille les princes.
Il participe à l’affermissement de la royauté wisigothique,
réorganise l’Église d’Espagne et travaille à la
rénovation d’une culture hispano-romaine. Il écrit de multiples
manuels d’initiation liturgique, exégétique, théologique
à l’usage des clercs, des moines, mais aussi des laïcs appelés
à de hautes fonctions. À cette époque,
Séville est un centre culturel particulièrement brillant
et sa bibliothèque s’est enrichie des textes transportés par
les chrétiens réfugiés d’Afrique. À son entrée,
on peut lire : « Il est ici bien des oeuvres sacrées, bien des
oeuvres profanes ».
Avec les Étymologies sur
l’origine des choses en vingt livres, Isidore donne la première
somme médiévale. Suivant un mode de pensée propre à
la tradition antique (différence, analogie, glose, étymologie),
il sélectionne, organise, explique l’héritage hellénistique
et romain. Les Étymologies embrassent:
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les sept arts libéraux,
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le droit,
-
la médecine,
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les savoirs sacrés,
-
les sciences naturelles
-
les techniques.
Isidore ambitionne de saisir l'essence même
des choses à travers l'origine des mots, en vertu d'une conviction
doublement fortifiée par la philosophie grecque et par les traditions
exégétiques judéo-chrétiennes. Il affirme que
la culture antique est nécessaire à la bonne compréhension
des Écritures. Animé de la passion encyclopédique qui
hantera les clercs médiévaux, il a le souci permanent d'apprendre
autant que d'instruire.
C’est sans doute parce qu’il fait entrer la culture
antique dans une mise en forme médiévale
qu’Isidore aura un tel rayonnement dans la civilisation hispano-arabe.
Son oeuvre connaîtra une diffusion extraordinaire aux siècles
suivants dans l’Europe entière : auteur favori de
Raban Maur, il est l’écrivain latin
le plus souvent recopié et lu au Moyen Âge. Avec
Cassiodore, il est l'un de ceux « qui ont fait entrer la culture antique dans l'étroite cellule du Moyen
Âge ». |