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Né en 776 à Mayence en Germanie
(actuelle Allemagne) de parents nobles, Raban Maur fait ses études
à labbaye de Fulda puis se rend à Tours
où il a pour maître Alcuin, qui lui enseigne les arts
libéraux et lÉcriture sainte. Deux ans plus tard, il
revient à Fulda enseigner la grammaire et la rhétorique.
Ordonné prêtre en 814, il est
très vite placé à la tête de cette école.
Désireux déchapper au zèle néfaste de son
abbé qui lui reproche de consacrer à létude un
temps quil devrait réserver à la prière, il part
en Palestine visiter les Lieux saints. Mais il revient enseigner à
Fulda, dès que lempereur eut envoyé son abbé
en exil.
Élu abbé à son tour en
822, Raban Maur apporte tous ses soins à
lépanouissement de la discipline et des lettres. Il fait de
Fulda un centre intellectuel pour l'Occident, principalement à
l'usage des évêques, curés et missionnaires chargés
d'instruire le peuple dans sa foi; labbaye devient alors, et grâce
à lui, la pépinière des prélats de lAllemagne.
L'esprit carolingien associe étroitement
sciences profanes et réflexion théologique : Raban Maur
en est un représentant fidèle avec son encyclopédie
De Universo, la première du Moyen Âge, écrite
entre 842 et 847. Cette belle oeuvre poétique, proche encore de
l'Antiquité finissante par sa recherche de la forme et de l'étrange,
est peuplée d'allégories empruntées souvent à
Isidore de Séville, dont l'influence
est essentielle. Raban Maur y place lintelligence des Écritures
au sommet de la hiérarchie des savoirs. Il écrit également
un traité de pédagogie, le De Institutione clericorum, des
homélies, des poésies et des commentaires sur l'Écriture.
Disciple de saint Augustin, il récuse
la modernité : « novitatis presumptio mater est hereticae
pravitatis » (la prétention à la modernité
est mère de dépravation intellectuelle).
Il se retire en 842, dans la solitude du mont Saint-Pierre,
où il envisage de terminer ses jours. Mais il est sollicité
pour occuper le siège épiscopal de Mayence. Il y déploie
beaucoup d'énergie. Pasteur ami de la concorde, il a le souci du
clergé et du peuple : en 850, alors quune famine désole
son diocèse, il fait distribuer aux pauvres la majeure partie de ses
revenus et en nourrit à sa table jusquà trois cents par
jour.
Il séteint en 856 à lâge
de quatre-vingts ans, laissant une oeuvre considérable dont l'enseignement
fera autorité jusqu'au XVIe siècle. |