regards sur la villealbumsEugène Atgetpistes pédagogiques

Le lieu


L’observation sur le cédérom du plan de Paris avec la localisation des clichés conservés à la BnF montre une démarche de documentation exhaustive et systématique de lieux où Atget rayonne, explorant la plupart des rues avoisinantes à la recherche des caractéristiques architecturales et urbanistiques du vieux Paris, d’immeubles destinés à disparaître ou de détails photographiés systématiquement (portes, heurtoirs…). Les travaux n’apparaissent sur ses clichés qu’au regard de la disparition des immeubles. Symptomatiquement, les deux grandes percées haussmanniennes en travaux dans les années 1900, le boulevard Raspail et le boulevard Haussmann, comme les travaux du métropolitain, n’apparaissent pas dans la collection de la Bibliothèque nationale.
De la même façon que le fait Georges Perec par l’écriture, la photographie peut être une tentative d’épuisement d’un lieu, qu’on s’intéresse seulement au bâti à toutes les échelles ou à ce qui se passe dans le lieu.

Objectif

Explorer et documenter un lieu à différentes échelles. Ouvrir sur la constitution de séries.
 
 

Propositions d’ateliers

Lancer l’atelier par une réflexion sur la notion de lieu. Un lieu peut se définir comme un espace où plusieurs réalités coexistent, un espace de "coprésence" où "la distance est suspendue" (Lévy 2003) tout en se maintenant alentour. L’atelier fonctionne dès lors que s’offrent au regard un environnement suffisamment riche d’informations multiples pour faire sens de façon globale, un espace où peut se développer un regard circulaire à la même échelle, où il est possible d’inventer des circulations différentes mais toutes rattachées au même espace.

À partir du plan de Paris, choisir un lieu ou un monument qu'Atget explore dans le détail. Pour le monument (par exemple ci-dessous, l'ancien oratoire de Marie de Médicis au petit Luxembourg), étudier la façon dont il passe du plan d'ensemble au détail, dont il tourne autour du monument, dont il pénètre à l'intérieur. Noter toutes les dates de prise de vue et de tirage pour réfléchir sur la notion d'exhaustivité dans le temps.

Images à consulter
 
Choisir une rue ou une place, offrant un espace cohérent mais pas nécessairement homogène. La photographier en tentant de le faire systématiquement :
- Explorer les différents points de vue et les différents angles de vue possibles : photographie frontale, recherche de lignes de fuite d’un côté de la rue, des deux côtés ;
- Découper l’espace : les bâtiments, la succession des étages, les toits, le sol, les ensembles, l’enfilade de la rue ;
- S’intéresser successivement aux portes, aux vitrines, aux espaces entre les bâtiments sil y en a ;
- Faire l’inventaire de tout le mobilier urbain ;
- S’arrêter sur un espace limité, quelques mètres carrés tout au plus, y repérer tous les détails saillants ;
Cadrer l’animation de la rue : les passants, les automobiles.
 

Réaliser une photographie dans une rue. Rechercher dans les rues avoisinantes des points de vue semblables. Les photographier systématiquement.

Prolonger l’exercice en s’appuyant sur les "Travaux pratiques" de Georges Perec. Il s'agit de nourrir la tentative d’épuisement d’un lieu, en remplaçant ou en complétant la notation écrite par la photographie.

Réaliser un album ou un diaporama faisant ressortir l’identité du lieu. L’atelier peut être mené en parallèle avec l’étude des séries Street 1 et Street 2 de Tadashi Ono. On peut aussi s’inspirer de l’atelier mené par Jean de Calan à Beauvais.
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