Dans une lettre déjà évoquée à Paul Léon, directeur des Beaux-Arts, datée 12 novembre 1920, Eugène Atget conçoit son œuvre comme une collection à la fois artistique et documentaire sur l’architecture et le décor qui couvre "toutes les vieilles rues du vieux Paris". Dans cette démarche qu’il décrit quelques années avant la fin de sa vie, il y a une volonté d’exhaustivité dans un corpus précisément défini, évidente notamment dans la série Topographie du vieux Paris. Sont donc exclues de cette accumulation de clichés, les vues du Paris moderne, du Paris changeant sinon en creux, puisque Atget documente le Paris destiné à disparaître. Il ne faut cependant pas s’arrêter uniquement à une représentation qui rangerait Atget du côté de la seule nostalgie et de l’archaïsme. De nombreuses photographies montrent la modernité de la ville envahie par la publicité et l’affichage légal et sauvage.
La collection suppose un catalogue et des typologies qu’Atget
organise en séries et en albums de photographies destinées à servir
de modèles ou de motifs aux artistes, de documents destinés
aux érudits et aux historiens, comme aux institutions et commissions
(Bibliothèque historique de la ville de Paris, musée
Carnavalet, Commission municipale du vieux Paris…). Elle donne
aussi un statut particulier à la reproduction largement diffusée
et possédée par rapport au référent, l’objet
ou le monument photographié, de façon plus forte encore
lorsque la photographie documente un objet disparu : l’objet
quitte le lieu de son existence pour le mur ou la bibliothèque
du collectionneur (Walter Benjamin).
La
collection, la série et l’album
Bibliographie