Entendre le théâtre

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Partition de la “Chanson du décervelage”

Paroles d’Alfred Jarry, musique de Claude Terrasse
D’après un dessin Alfred Jarry, Mercure de France, 1898
Lithographie en noir sur papier, 35 cm x 27 cm
BnF, département des Arts du spectacle, RÉSERVE 4-RF-62873
© Bibliothèque nationale de France
La première version de la “Chanson du décervelage” imaginée par Jarry et ses amis lycéens, dans la première version de Ubu de 1885, est calquée sur le timbre de la “La valse des pruneaux”. Elle croise deux traditions chansonnières de la fin du XIXe siècle : la tradition de la « chanson idiote » qui occupe une place de choix dans les numéros du caf’conc’ (Bourvil en fera l’une de ses signatures) et la tradition de la complainte de rue, mélodramatique et très populaire, rassemblant les passants autour du limonaire ou du chanteur sans accompagnement instrumental. La “Chanson du décervelage”, qui clôt avec entrain la représentation d’Ubu, détourne la complainte populaire qui fleurit à chaque exécution publique d’un condamné à mort. Le ton y est pathétique. Avec Jarry, il devient comique et absurde. Il s’agit d’une sorte d’inversion de la chanson naturaliste dont les figures sont des gens du peuple, chantée avec empathie, avec compassion. Ici, le peuple est évoqué par un ouvrier ébéniste campé en habits du dimanche pour un divertissement stupide.