Victor Hugo (1802-1885), auteur ; Gustave Brion, (1824-1877), illustrateur ; Jules Hetzel et A. Lacroix, éditeurs, Paris.
1 vol. (798 p.) : fig. ; gr. in-8
Le chapitre « L’avenir latent dans le peuple » est rédigé en exil, cette réflexion sera développée deux ans plus tard dans
William Shakespeare.
« Quant au peuple parisien, même homme fait, il est toujours le gamin ; peindre l’enfant, c’est peindre la ville ; et c’est pour cela que nous avons étudié cet aigle dans ce moineau franc.
C’est surtout dans les faubourgs, insistons-y, que la race parisienne apparaît ; là est le pur-sang ; là est la vraie physionomie ; là ce peuple travaille et souffre, et la souffrance et le travail sont les deux figures de l’homme. Il y a là des quantités profondes d’êtres inconnus où fourmillent les types les plus étranges depuis le déchargeur de la Râpée jusqu’à l’équarrisseur de Montfaucon.
Fex urbis, s’écrie Cicéron ;
mob, ajoute Burke indigné ; tourbe, multitude, populace. Ces mots-là sont vite dits. Mais soit. Qu’importe ? qu’est-ce que cela fait qu’ils aillent pieds nus ? Ils ne savent pas lire ; tant pis. Les abandonnerez-vous pour cela ? leur ferez-vous de leur détresse une malédiction ? la lumière ne peut-elle pénétrer ces masses ? Revenons à ce cri : Lumière ! et obstinons-nous-y ! Lumière ! lumière ! – Qui sait si ces opacités ne deviendront pas transparentes ? les révolutions ne sont-elles pas des transfigurations ? »
Victor Hugo,
Les Misérables, III, I, 12.
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