Les rues d'Atget
Rues désertes, photographiées par Atget dans une heure incertaine, la ville semble saisie à l'heure du crime : ces clichés sont autant d'indices, de pièces à conviction d'un Paris disparu sous les coups de boutoir de la modernité. Atget affectionne aussi les petits métiers et les zones, aux marges de la ville, où sont relégués les exclus du développement urbain.
"J'aimerais qu'il existe des lieux stables, immobiles, intangibles, intouchés et presque intouchables, immuables." Ces lieux dont parle Georges Perec sont bien ceux d'Atget, comme le démontre un photographe américain, Christopher Rauschenberg, venu rephotographier entre 1989 et 2005 les mêmes lieux que ceux immortalisés par Atget entre 1888 et 1927. La comparaison saisissante de leurs images respectives laisse entrevoir la part immuable d'une ville en perpétuelle transformation.