De son côté, Élisée Reclus puise de précieux renseignements pour la géographie dans les documents photographiques rapportés par les voyageurs.
L'anthropologiste et l'ethnographe empruntent à la photographie la précision de son rendu pour l’étude de la race humaine sur les différents points du globe.
De même pour l’archéologue, qui a besoin d’interroger les reproductions des monuments lointains, des pièces curieuses ou des inscriptions. Elle fait renaitre pour lui sur le parchemin jauni par le temps les textes effacés ou rendus invisibles.
Toujours en s'aidant d'elle, le naturaliste, zoologiste, entomologiste, botaniste, etc., acquerra des notions plus parfaites de la structure intérieure, de l'anatomie des plantes ou des animaux du monde entier.
[…]
L'ingénieur, l'architecte et jusqu'au propriétaire suivront de loin leurs travaux en cours d'exécution.
Elle concourra à l'instruction générale, soit par les projections, les conférences, soit surtout pour l'illustration du livre.
La théorie des exercices du corps sera apprise par des photographies représentant les différents mouvements à exécuter.
L’étude de la physionomie humaine, nous donnant photographiquement les modifications successives des expressions que la pensée fait naître et que la parole transmet, provoquera de singulières et nouvelles réflexions chez les physiologues. En 1886, au centenaire de M. Chevreul, j’ai eu l’idée d’adjoindre l’appareil photographique au phonographe et d’exécuter un certain nombre de clichés de l’illustre vieillard au cours de ses conversations avec mon père.
Mais comme Edison, qu'on dit avoir depuis repris cette idée, ne nous avait pas encore fourni commercialement le phonographe, j'avais chargé un sténographe de recueillir simultanément les paroles prononcées.
Nous retrouvons encore la photographie aux travaux publics. […]
Les photographies que la Ville conserve précieusement permettent de perpétuer le souvenir qui guidera l'historien. À ce propos on ne se contente plus de photographier le jour, il faut encore que l'objectif puisse percer les ténèbres. On emprunte alors à l'électricité la puissance de sa lumière, et mon père photographie le Paris souterrain, catacombes et égouts, dès l'année 1860. Il exécute aussi aux lumières artificielles un certain nombre de portraits.
Aujourd'hui le magnésium, d'un emploi plus facile, remplace l'électricité, et c'est ainsi que la puissance d'éclairage d'une seule lampe, scientifiquement constatée, s’est élevée jusqu'à 3 800 carcels.