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Le père
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Le père est proche de ses enfants. Il a, prioritairement,
la responsabilité de les élever et de les protéger,
de les former à la vie noble ou de les initier aux travaux agricoles
ou artisanaux. Filles et garçons l'accompagnent aux champs, aux
vendanges ou au marché pour vendre les produits de la terre. Mais
il partage aussi les fonctions féminines traditionnelles jusqu'aux
plus humbles gestes de la puériculture. Dans les milieux populaires,
en effet, il n'hésite pas à donner le bain aux bébés,
à faire cuire leur bouillie et à les faire manger. Il prend
part à leurs jeux, les surveille et les soigne quand ils sont malades.
À chaque nouvelle naissance, le père est tout particulièrement
sollicité, car la mère, rendue impure par son accouchement
et les suites de couches, est soumise à une obligation sociale
et religieuse qui la contraint à garder le lit entre trente et
quarante jours après la naissance, jusqu'à ses "relevailles",
sa purification à l'église. Pendant cette quarantaine, le
père trop pauvre pour entretenir une servante ce qui
est le cas de la majorité des familles rurales ou artisanes
doit continuer son activité professionnelle tout en assurant la
totalité des tâches domestiques : le ménage,
les courses, l'épuisant approvisionnement en eau, la cuisine, sans
omettre les soins des enfants déjà nés. Tout va bien
si un (ou une) aîné(e) est assez grand(e) pour l'assister.
Mais, l'intervalle entre deux naissances ne dépassant pas deux
ans, le cas le plus répandu dans les premières années
de la vie conjugale est sans doute celui d'un père surchargé
de très jeunes enfants échelonnés entre 2 et 6 ans,
s'évertuant à tenir la maison sous le regard de son épouse
alitée !
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La mère
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La mère assure,
avec l'aide des aînés, voire d'une nourrice, le gros des
soins aux tout-petits, qui demeurent longtemps dépendants d'elle
en raison d'un allaitement de longue durée. Elle transporte le
dernier-né partout grâce à un porte-bébé
en tissu ou en bois, ou à un petit berceau qu'elle porte sur la
tête. Elle allaite en public, où qu'elle soit. Elle cuisine
pour les enfants. Mais elle assume encore bien d'autres rôles, qu'on
aurait crus réservés au père. C'est elle qui se voit
chargée de l'éducation morale et de l'instruction catéchistique,
sur laquelle, surtout en milieu rural, elle en sait plus que les hommes
de la famille. En ville, les mères sont même capables d'enseigner
les rudiments de l'instruction intellectuelle. Depuis le XIIIe
siècle, bien des épouses de petits artisans savent lire,
écrire et compter, savoirs indispensables à l'exercice de
leur profession, car elles aident leur mari. |
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Grands-parents, oncles
et tantes |
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Les enfants ont peu de
contacts avec leurs grands-parents. Du côté maternel, ces
derniers habitent souvent dans une ville différente ; du côté
du père, souvent plus âgé que la mère, les
grands-parents sont généralement décédés
depuis longtemps. Seuls les membres des grandes familles, qui rassemblent
plusieurs générations sous le même toit d'un château
ou d'une vaste propriété, accueillent parfois un aïeul
survivant, lequel s'occupe alors avec tendresse des plus jeunes.
Les oncles et les tantes contribuent également à leur éducation.
Dans les milieux aristocratiques, les oncles, notamment maternels, assurent
la formation chevaleresque de l'enfant. On connaît moins leur rôle
dans les milieux modestes. |
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Parrains et marraines
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À la fin du Moyen
Âge, leur rôle est plus symbolique que pratique, et limité
aux grands moments de la vie : les parrains et marraines, par exemple,
mènent le nouveau-né sur les fonts baptismaux et portent
l'enfant défunt au cimetière. Ils sont censés être
les garants de l'enfant auprès de l'Église et doivent, en
théorie, lui enseigner les rudiments de la foi ; dans la pratique,
c'est la mère qui se charge de cette tâche. |
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La nourrice
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La nourrice est en tout
point une mère de substitution, surtout lorsqu'elle vit au foyer
des parents. Sa fonction principale est d'allaiter l'enfant dont elle
a la charge, parfois jusqu'à l'âge de 2 ou 3 ans. Elle joue
aussi un rôle essentiel dans l'éducation et le soutien psychologique
des petits. Elle est présente dans tous les milieux, dès
qu'une famille, même rurale, est assez aisée pour payer ses
gages. Les sentiments mutuels d'affection qui se nouent entre les enfants
et leur nourrice, qui habite souvent au foyer parental, sont si forts
que les parents s'en plaignent, redoutant de se voir supplantés
dans le cur de leurs propres enfants.
Si l'on en croit les médecins de l'époque, la nourrice idéale
doit avoir entre 25 et 30 ans, être en bonne santé, avoir
un heureux caractère pour ne pas rendre l'enfant triste, être
dotée d'une intelligence certaine pour ne pas le rendre sot. Elle
doit ressembler le plus possible à la mère, car on croit
que, par le lait, la femme continue de façonner l'apparence physique
et l'esprit du bébé, et de lui transmettre la mémoire
familiale ; dans les faits, néanmoins, les familles riches
d'Italie ou de la France du Sud n'hésitent pas à engager
des esclaves noires
La nourrice n'a pas le droit d'être enceinte,
car le lait d'une femme qui attend un enfant est jugé nocif. Les
contrats d'engagement des nourrices prévoient ce cas de figure
et sa sanction : le renvoi immédiat. |
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Les frères et
les surs |
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Très souvent, la
mère est retenue dehors toute la journée : à
la campagne, les travaux agricoles ne manquent pas ; à la
ville, elle peut être porteuse d'eau ou vendeuse de rue. Prendre
un bébé avec soi dans ces conditions n'est pas toujours
facile. Quand une famille ne peut s'offrir le luxe d'une nourrice, la
garde des tout-petits est alors confiée aux aînés,
garçons ou filles, parfois dès 3 ans. Selon leur âge,
il peut s'agir d'une responsabilité de quelques minutes ou de quelques
heures. Le premier-né, évidemment, n'a pas cette chance ;
la mère doit se résoudre à le laisser à la
maison sous la protection d'un saint
Ces pratiques peu fiables sont
la cause d'accidents domestiques variés qui entraînent la
mort de nombreux enfants.
Pour autant, avoir des frères et surs ne constitue pas seulement
une responsabilité écrasante : comme le rappelle joliment
un poème juif du XIIe siècle, composé
en Espagne, l'enfant est "le rire de ses frères". Dans
un monde où les pères laissent souvent des enfants orphelins,
l'établissement de bonnes relations entre frères et surs
est une obligation de survie. Face aux tâches de la vie domestique,
garçons et filles sont sur le même plan. C'est leur rang
dans la fratrie qui leur confère leur rôle social ;
l'aîné, quel que soit son sexe, est toujours investi d'une
responsabilité de type parental. |
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