Sur la pensée contemporaine du paysage

New Topographics : une exposition fondatrice

Il est des expositions que personne, ou presque, n'a vu et qui, pourtant, influent le cours de l'histoire de l'Art. New Topographics. Photographs of a man-altered landscape est de celles-là. Conçue par William Jenkins, conservateur-adjoint, l'exposition s'est tenue en 1975 à la George Eastman House de Rochester, berceau de la firme Kodak, et présentait les travaux de Robert Adams, Lewis Baltz, Bernd and Hilla Becher, Joe Deal, Frank Gohlke, Nicholas Nixon, John Schott, Stephen Shore et Henry Wessel, Jr.
Deux articles reviennent sur la fortune critique de cette exposition :
Article de Rémi Coignet, blog Des livres et des photos, 2010
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Article de Bruno Chalifour, photophiles.com, 2010
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Paysages du chaos. À propos de deux séries de Lewis Baltz
par Danièle Méaux, Focales, n°1 : Le photographe face au flux, 2017

Dans les années quatre-vingt, ce sont plus particulièrement des terrains vagues, des espaces vides et déshérités, jonchés d'immondices que Lewis Baltz met en image. Les photographies qu'il réunit dans San Quentin Point et Candlestick Point montrent des territoires vides et abandonnés, jonchés de déchets. Ces deux ouvrages dressent un constat sans concession sur les effets environnementaux du développement industriel et de la société de consommation. Aux antipodes du sublime, ces espaces entropiques font écho aux évolutions de la science ; ils traduisent, dans le même temps, une fascination pour la déréliction, qui prend des allures d'expiation.
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Robert Adams. L'endroit où nous vivons
Dossier de l'exposition présentée au Jeu de Paume en 2014

Depuis ses débuts en photographie, au milieu des années 1960, Adams est considéré par beaucoup comme l'un des chroniqueurs les plus importants et les plus influents de l'Ouest américain. L'exposition "Robert Adams : l'endroit où nous vivons" reflète l'intérêt ancien d'Adams pour la relation tragique entre l'homme et la nature ainsi que sa quête d'une lumière et d'une beauté rédemptrices au sein de paysages dégradés. Ses images se distinguent par leur économie et leur lucidité, mais aussi par un mélange de déploration et d'espoir. Adams a cependant tenté d'offrir une apparente neutralité d'approche. Même les titres de ses images les apparentent au registre documentaire.
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L'intimité territoriale. À propos de Ceux du terrain de Marc Pataut
par Jean-François Chevrier, lautresite, une revue de poésie politique, 2003

Marc Pataut a passé deux ans sur le terrain vague du Cornillon à Saint-Denis, avant la construction du Stade de France. "Ceux du terrain" sont ceux qui habitaient là avant que le Grand Stade ne naisse, on ne le sait plus, on ne l'a jamais bien su. Ces images datent donc du siècle dernier. Jean-François Chevrier le rappelle dans son texte : on ne trouvera pas d'exotisme, pas d'illustration, pas d'esthétisme, dans ces images. Nous aimons justement Pataut pour cela : parce qu'il est un accompagnateur subjectif, le contraire d'un reporter.
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Sur le statut de la photographie

François Hers. Du reportage militant à la nouvelle photographie documentaire (1965-1990), par Max Bonhomme, Études photographiques, n°33, 2015

François Hers (né en 1943) est aujourd'hui surtout connu pour avoir été directeur artistique et technique de la Mission photographique de la DATAR (1983-1989) et formalisé le Protocole des Nouveaux commanditaires. Son œuvre en tant que photographe se situe à un moment de profond renouvellement du champ photographique, entre les remises en cause qui frappent la tradition du reportage et la problématique de son intégration dans l'art contemporain. En analysant les différents domaines dans lesquels il s'inscrit et ses partis pris esthétiques, se révèle la complexité du parcours d'un photographe, soucieux d'interroger en permanence la place attribuée à l'artiste dans la société. Entre les années 1970 et 1980, François Hers contribue à une relecture de la tradition documentaire dans la photographie contemporaine, tout en déployant une réflexion sur la commande, fondée sur l'idée de restituer à l'art sa fonction sociale.
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La commande au risque de l'illustration
par Jordi Ballesta, Études photographiques, n°31, 2014

Depuis la mission photographique de la DATAR, il n'est pas rare en France et en Europe que des administrations invitent des photographes à représenter les territoires sur lesquels ils opèrent. Reconsidérer les physionomies architecturales ou paysagères constitue d'ordinaire leur motivation première. Ces invitations sous forme de commande génèrent des écritures diversement artistiques et documentaires, mais elles ne permettent guère de susciter des hypothèses et de questionner. Répondant à des contraintes géographiques et chronologiques, souvent sous-estimées, les photographes tendent à produire des images attendues, vouées à valoriser, neutraliser ou patrimonialiser. L'étude de plusieurs commandes, dont trois sur des sites classés, des quartiers à rénover et des friches à requalifier, conduit ainsi à penser que les photographes sont sollicités, non pas pour produire des enquêtes ou imaginer des impensés, mais pour proposer des illustrations d'auteur. Il s'agirait alors d'apprendre comment une photographie de recherche, susceptible de tisser des liens, de donner forme et de produire des savoirs, pourrait être pratiquée.
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Au-delà des clichés… La photographie du paysage au service de l'analyse
par Yves Luginbühl, Strates, n°4, 1989

L'usage de la photographie de paysage comme moyen de compréhension des représentations de l'espace constitue l'objet de cet article. L'auteur montre que cette utilisation peut permettre de faire se révéler des sensibilités cachées vis-à-vis du paysage, de la nature ou de l'espace, à condition cependant que ce média méthodologique soit employé avec précautions et sans a priori conceptuel. La photographie géographique dépasse ainsi son simple pouvoir didactique, elle permet de déclencher des processus de pensée de l'espace occultés par des définitions souvent restrictives forgées par des traditions scientifiques.
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PhotoPaysages
Programme de recherche ANR, depuis 2013

La relation de la photographie avec l'aménagement des territoires, la fabrique de paysages, leur préservation et leur mise en valeur relève d'une histoire longue de plus d'un siècle et demi. Le programme PhotoPaysage s'inscrit sur cette toile de fond où se tissent des liens étroits et complexes entre photographie, aménagement et paysage. Il propose une saisie originale de la construction conjointe de la représentation photographique et du paysage en étudiant les pratiques des photographes et des professionnels de l'aménagement du paysage. Il interroge ainsi le rôle de la photographie au sein des débats sur les mutations territoriales. Le site PhotoPaysage rassemble les travaux réalisés au sein de rubriques permettant de prolonger les recherches entreprises suivant les différentes directions initiées par le programme.
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