ecrire la ville
rencontre avec
Né en 1932, Jacques Roubaud est mathématicien et poète. Il s'est donné la contrainte d’une technique différente pour chacun des 150 poèmes qu'il a composé en marchant dans Paris.
textes d'appui
  • Déplacer le temps sur l’espace d’une journée et, pour chaque instant, examiner quoi entre en résonance dans la ville et à quel endroit.
ressources
 
vos productions
L’heure au réveil de la ville de Tours
L’heure du premier bus du quartier Rochepinard
L’heure où tous les volets des immeubles s’ouvrent un par un au quartier Deuzignac
L’heure du premier rayon de soleil qui s’abat sur la ville de Tours
L’heure où le premier habitant franchit le seuil de sa porte pour aller travailler
L’heure de prendre le bus à l’arrêt Leccia
L’heure de commencer le trajet vers la ville
...
L’heure de la première séance place Colbert
L’heure d’ouverture du lycée avenue Grandmont
L’heure du café chaud servi dans le bol place Thiers
L’heure du nettoyage de la vitrine rue Foucault
L’heure de l’attente avant la première heure avenue Foch
L’heure des longues files de voitures avenue de la République
...
Classes de 1ère vente, Lycée professionnel Victor-Laloux, Tours.

Début de phrase récurrent, l’heure où... d'après Jacques Roubaud, qu’on fait balayer chronologiquement l’espace d’une journée. Et pour chaque instant saisi, le lieu qui correspond à telle activité significative, liée à la perception de celui qui l’écrit. À partir d'un poème de Jacques Roubaud.

Qui ne se souvient pas de L’Homme des foules, d’Edgar Poe ?
Le narrateur, convalescent, aperçoit un homme étrange courant par la ville, il le suit. Tout un soir, puis la nuit, il l’emmènera à travers Londres selon les endroits où, à ce moment précis, subsiste encore l’activité des hommes.
Naît ainsi un des textes fondateurs de l’écriture de la ville : celle qui ne cesse jamais, mais mêle anonymement ceux qui la constituent.
Le livre de Jacques Roubaud, variation sur un vers célèbre des Tableaux parisiens de Baudelaire, le traducteur de Poe, c’est La forme d’une ville change plus vite, hélas, que le cœur des humains. C’est une extraordinaire réserve, déjà un classique, pour qui anime des ateliers d’écriture, puisque chaque poème se veut un exercice précis, d’itinéraire, de relevé, de forme.

Celui que nous explorons ici, et dont Jacques Roubaud nous propose lui-même lecture, est composé de phrases à départ fixe : L’heure où…
Rien de plus simple. Mais une astuce considérable pour l’atelier : les participants prennent manuellement élan en recopiant le départ de la phrase, pas besoin de penser préalablement, c’est du mouvement de l’écriture que va naître l’image.
Et puis un thème : la rue. Chaque fois, un lieu ouvert de la ville, son extérieur. Là où se mêlent les visages. Mais toujours depuis cette activité de ceux qui font la ville. Alors pas besoin de regard global, pas besoin de décrire. Mais la prégnance des noms propres, ceux qui singularisent chaque rue, square, cité, zone commerciale.
Et ce dont la phrase se saisit : croquis bref, tient en une ligne. C’est l’élan du passage du vers au vers suivant qu’on veut ne pas briser. Alors ces activités, ces images de l’ordinaire, cette reconnaissance de l’univers spécifique à chacun, pour en faire un portrait plus global : la ville, oui, spécifique pour chacun de celles et ceux qui l’arpentent.

Bien insister sur l’importance de recopier chaque fois le départ de la phrase, et de se donner comme contrainte le déroulement chronologique du temps dans une journée. On est presque ainsi soi-même le spectateur de ce qui, et à quel endroit ,entre en résonance dans la ville, qu’alors on nomme. On passera ainsi, mais pour sa propre expérience, de l’heure du réveil des habitants du passage de la reine de hongrie  à  l’heure du sommeil des habitants de la rue du parc de charonne, en passant, pour le soir, par ces heure de l’asphyxie des piétons de l’avenue de la porte de vitry et heure de l’asphyxie des marronniers de l’avenue de la porte d’issy.
Et nous serons heureux, au mois de juin, de rassembler minute par minute, l’ensemble des textes de tous les participants, pour une journée géante qui se déroulerait simultanément tout autour du monde, et par toutes les villes : alors merci d’avance de vos contributions !
En retour, suggérer aux participants que leur texte s’insèrera dans ce texte géant que nous comptons rassembler sur Internet peut devenir une incitation à l’écriture…