Le  héros épique naît dans les premières civilisations de l’écrit qui chantent la  gloire de personnages dont on conte les fabuleux exploits. Gilgamesh, roi  sumérien de la ville d’Uruk en Mésopotamie, dont l’historicité n’est pas  établie, présente dès le III
e millénaire avant J.-C. certaines caractéristiques  fondamentales du modèle héroïque qui traversera les siècles. Dans la  civilisation grecque, Achille, Hector, les célèbres héros homériques de l’
Iliade  (VIII
e siècle avant J.-C.), Héraclès, ainsi que les demi-dieux des 
Travaux  et les Jours d’Hésiode (VII
e siècle avant J.-C.) accomplissent des exploits  extraordinaires et mettent en scène, chez Homère surtout, l’idéal d’une mort héroïque  qui parcourt toute l’Antiquité. Le culte funéraire, la matérialité des stèles  et le chant poétique louangeur, transmis de génération en génération, sont les  seuls supports de la mémoire comme succédané d’immortalité.
      Ces  êtres d’exception, dotés d’une stature et d’une force extraordinaires, sont le  plus souvent des demi-dieux. Ils peuvent, à l’occasion d’un séjour aux Enfers,  nous relater une expérience de la mort mais ils ont un statut de mortels et, s’ils  connaissent une apothéose (Gilgamesh, Héraclès), ils ne peuvent l’envisager de  leur vivant. Après la mort de son ami Enkidu, Gilgamesh, pourtant "dieu  aux deux tiers, pour un tiers homme", est terrorisé par l’idée de  disparaître à son tour : "L’angoisse m’est entrée au ventre ! C’est  par peur de la mort que je cours la steppe." Malgré les épreuves, Gilgamesh  échoue à devenir immortel mais il assure sa renommée grâce aux imposants  remparts qu’il a élevés autour d’Uruk. Les rois mésopotamiens, entretenant  ainsi une riche tradition littéraire, vouaient un culte à ce héros fondateur de  leur ville, qui fut divinisé dès le milieu du III
e millénaire.
      
      
