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Pour prendre l’exemple du textile,
une famille paysanne est capable d’assurer à elle seule toutes
les opérations nécessaires à la confection d’une
toile ou d’un drap grossiers, tandis qu’en ville chaque opération
différente correspond à un métier, avec sa propre
organisation et ses règles de vie. De plus, l’apprêtage
du tissu est bien plus élaboré en ville. Entre l’arrivée
de la laine brute et la présentation d’un drap prêt
pour la vente, des opérations mécaniques, manuelles et chimiques
sont nécessaires : le triage de la laine, le battage, le dégraissage,
le peignage ou le cardage, le filage et le dévidage. Vient ensuite
le tissage sur des métiers sans cesse perfectionnés. Les
dernières opérations sont le foulage, la teinture et les
ultimes apprêts du drap. Ces dernières activités très
polluantes sont rejetées loin du centre-ville, près des
cours d’eau. Les teinturiers ont en permanence les mains en contact
de produits corrosifs, d’où leur surnom péjoratif
d’"ongles bleus”. À partir du XIVe
siècle, les drapiers des villes organisent une industrie drapière
de qualité dans les campagnes à proximité des centres
urbains.
Les métiers de l’alimentation sont également très
dynamiques dans les villes ; de la même manière, une hiérarchie
existe entre chaque catégorie, selon des critères de spécialisation
mais aussi de pureté et d’impureté : les bouchers
qui font couler le sang sont tenus à l’écart. Toutes
ces activités artisanales et commerciales sont peu à peu
organisées au sein des corporations.
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