Analyse / interprétation
Que reste-t-il ne nos amours urbaines ? La photographie corrobore le constat en partie négatif sur le devenir des réalisations architecturales et urbanistiques réalisées dans la deuxième moitié du XX
e siècle. « Conçus entre 1978 et 1983 par l'architecte espagnol Ricardo Bofill comme une alternative aux grands ensembles de logements de l'après-guerre par leur conception nouvelle et leur architecture néoclassique, les bâtiments sont totalement inédits dans le paysage urbain de l'époque. » (
Les Illusions perdues d'une utopie urbaine, Elvire Camus pour Le Monde.fr, 02/08/2014). Depuis, le cadre de vie s'est dégradé, les fractures sociales se sont creusées et l'utopie s'est transformée en dystopie. Ricardo Boffil reconnaît qu'il « n'a pas réussi à changer la ville » mais il s'est engagé en 2017 à participer à la réhabilitation de ces Espaces d'Abraxas qui restent emblématiques de l'urbanisme des villes nouvelles.
La représentation traditionnelle de la banlieue telle que l'envisageaient les photographes humanistes au XX
e siècle est devenue impossible : l'anecdote, l'humour et la convivialité traqués dans la recherche de l'instant décisif ont déserté la photographie contemporaine de la ville. Même s'il revendique cette dimension humaniste, le regard de Laurent Kronental est symptomatique de notre société « présentiste » selon le concept de François Hartog où le passé, patrimonialisé mais devenu inintelligible, est transformé en un réservoir d'émotions et le futur inquiétant. La foi en l'avenir a déserté les représentations de la ville comme les habitants de Noisy-le-Grand alors qu'en 1947 sous le regard de Robert Doisneau, Josette et ses amis dansaient devant les barres d'immeubles de Gentilly.
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