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Flaubert,
Madame Bovary Charles fut surpris de la blancheur de ses ongles. Ils étaient brillants, fins du bout, plus nettoyés que les ivoires de Dieppe, et taillés en amande. Sa main pourtant nétait pas belle, point assez pâle, peut-être, et un peu sèche aux phalanges ; elle était trop longue aussi et sans molles inflexions de lignes sur les contours. Ce quelle avait de beau, cétaient les yeux : quoiquils fussent bruns, ils semblaient noirs à cause des cils, et son regard arrivait franchement à vous avec une hardiesse candide. [...] Mademoiselle Rouault ne samusait guère à la campagne, maintenant surtout quelle était chargée presque à elle seule des soins de la ferme. Comme la salle était fraîche, elle grelottait tout en mangeant, ce qui découvrait un peu ses lèvres charnues, quelle avait coutume de mordiller à ses moments de silence. Son cou sortait dun col blanc, rabattu.
Ses cheveux, dont les deux bandeaux noirs semblaient chacun dun seul morceau, tant
ils étaient lisses, étaient séparés sur le milieu de la tête par une raie fine, qui
senfonçait légèrement selon la courbe du crâne ; et, laissant voir à peine
le bout de loreille, ils allaient se confondre par derrière en un chignon abondant,
avec un mouvement ondé vers les tempes, que le médecin de campagne remarqua pour la
première fois de sa vie. Ses pommettes étaient roses. Elle portait, comme un homme,
passé entre deux boutons de son corsage, un lorgnon décaille. |
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Madame
Bovary,1857. |
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|L'héroïne de roman| |