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Flaubert,
L'Education sentimentale Ce fut comme une apparition : Elle était assise, au milieu du banc, toute seule ; ou du moins il ne distingua personne, dans léblouissement que lui envoyèrent ses yeux. En même temps quil passait, elle leva la tête ; il fléchit involontairement les épaules ; et, quand il se fut mis plus loin, du même côté, il la regarda. Elle avait un large chapeau de paille, avec des rubans roses qui palpitaient au vent derrière elle. Ses bandeaux noirs, contournant la pointe de ses grands sourcils, descendaient très bas et semblaient presser amoureusement lovale de sa figure. Sa robe de mousseline claire, tachetée de petits pois, se répandait à plis nombreux. Elle était en train de broder quelque chose ; et son nez droit, son menton, toute sa personne se découpait sur le fond de lair bleu. Comme elle gardait la même attitude, il fit plusieurs tours de droite et de gauche pour dissimuler sa manuvre ; puis il se planta tout près de son ombrelle, posée contre le banc, et il affectait dobserver une chaloupe sur la rivière. Jamais il navait vu cette splendeur de
sa peau brune, la séduction de sa taille, ni cette finesse des doigts que la lumière
traversait. Il considérait son panier à ouvrage avec ébahissement, comme une chose
extraordinaire. Quels étaient son nom, sa demeure, sa vie, son passé ? Il
souhaitait connaître les meubles de sa chambre, toutes les robes quelles avait
portées, les gens quelle fréquentait ; et le désir de la possession physique
même disparaissait sous une envie plus profonde, dans une curiosité douloureuse qui
navait pas de limites. |
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L' éducation
sentimentale,1869. |
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|L'héroïne de roman| |