Héros

Le héros médiéval

Marc Tourret
 
Dans le fracas des armes qui mène au sacrifice guerrier, le combat épique de Roland à Roncevaux relaie les duels homériques auxquels se livrent Grecs et Troyens. On y retrouve une liste de vaillants personnages masculins, l’obsession aristocratique d’être le meilleur, de prouver sa valeur, la position privilégiée de l’épopée dans la culture littéraire des humanités qui entretiennent la mémoire des héros.
Pourtant, le développement du christianisme et la mise en place de la société médiévale ont engendré une mutation des figures de l’excellence. Si, dans les nouvelles catégories mentales, un être humain ne peut plus devenir dieu, les intercesseurs entre les deux univers sont valorisés. Les héros du Moyen-Âge sont ceux qui accomplissent les desseins de Dieu, qui se rapprochent du modèle divin absolu. Les saints sont donc privilégiés mais à leur côté émergent les preux, dont la célébrité, à partir du XIIe siècle, sera surtout littéraire et l’existence, souvent imaginaire. Des souverains tel Louis IX, ont tenté de réunir ces deux modèles en rassemblant sur leur personne sacrée des vertus spirituelles et temporelles. Les figures héroïques médiévales, réelles ou fictives mais toujours symboliques, sont marquées du sceau du merveilleux car, au Moyen-Âge, tous les genres littéraires sont, à des titres divers, ouverts à cette dimension.
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