À ce
stade, Eugène Atget n’ayant pas écrit au
sujet de cette photographie, quelques textes et quelques images
peuvent enrichir, décaler ou complexifier le regard.
La rue s’ouvre à gauche sur la rue Pernelle (précédemment
rue Marivaux et rue de la Lanterne, elle porte aujourd’hui
le nom de la femme de
Nicolas
Flamel célèbre libraire et alchimiste du moyen Âge)
et l’horizon est barré par le rue de la Verrerie (elle
existait déjà sous ce nom au XII
e siècle).
Ce quartier est celui de Gérard de Nerval, les surréalistes
y voient, en référence à l’ombre de
Nicolas Flamel, l’analogie entre l’alchimie et
la poésie. Dans Calligrammes, Guillaume Apollinaire évoque "Le
musicien de Saint-Merry" ; en 1944 dans son Journal,
Robert Desnos cite les marchands de cierge, les petits ateliers de
mécanique de la rue de la Verrerie, l’enseigne "John
Tavernier", les éplucheuses de queues de cerises,
le fabricant de bonbons de la rue du cloître Saint-Merri,
le mendiant à l’angle de la rue Saint-Bon.
La lecture de "l’album zutique" d’Arthur Rimbaud
mise en écho avec cette photographie permet aussi d’introduire
une réflexion sur la façon dont les artistes intègrent
la publicité à leur œuvre. Initiée par
les artistes du début du XX
e siècle,
notamment par Dada, la réappropriation et le détournement
sont très
présents dans les œuvres contemporaines. Dans un tout
autre registre, on pourra par exemple s’intéresser à l’œuvre
de Claude Closky dont on trouve de très nombreuses reproductions
sur la toile.