Le thème
de Paris en chantier est récurrent en littérature depuis
le Second Empire. Dans «
Le
Cygne », Baudelaire évoque
la rapidité des changements de Paris. À la différence
de Charles Marville qui photographie les
changements de Paris, les destructions et les reconstructions, compose
la scène des travaux, Eugène Atget ne montre que ruines
et destructions : la ville éventrée avec ses
vides, les immeubles détruits avec leurs tas de décombres,
les étais. Mis à part quelques photographies montrant
l’achèvement des travaux,
ceux-ci n’ouvrent pas sur l’avenir de la ville. Mais
l’impression est à nuancer, car au moment où Atget
prend la plupart de ses clichés, les grandes percées
haussmanniennes sont achevées, les travaux du boulevard Raspail
durent encore jusqu’en 1907 et ceux du boulevard Haussmann
jusqu’en 1927.
À cet égard, la mise en relation à quelques
années d’intervalle des photos d’Atget de 1898-1902
et de 1908-1914 sur les
travaux d’élargissement
de la rue Saint-Jacques avec le poème «
Hôtel
Notre-Dame » de Blaise Cendrars est particulièrement
significative.
Il existe cependant de nombreux travaux dans le Paris de 1900 qu’Atget
ne documente pas dans la collection de la Bibliothèque nationale, par
exemple ceux du métropolitain ou des boulevard Haussmann
et Raspail.
L'objectif est d'approcher les choix d'Eugène Atget et de réfléchir
sur les notions d'œuvre et de document.