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L’image du clochard


Les clochards que l’on retrouve dans la série "Paris pittoresque" et dans l’album "Vie et petits métiers à Paris" de 1899-1900, sont présentés en général endormis ou dans une pose de repos sans aucun attribut spécifique sauf pour ceux qui sont couchés sur le sol. Atget se démarque ici de la tradition picturale qui représente plutôt le mendiant.
L’image du clochard est souvent associée à une thématique de la révolte, du choix de la pauvreté, dans "Ma bohême" de Rimbaud, daté de 1870, comme dans Fils de clochard de Neal Cassady ou dans Maigret et le clochard de Georges Simenon. Elle est aussi attachée à la saleté, à l’imbécillité comme dans Luj Inferman et La Cloducque de Pierre Siniac.

L’objectif est d’étudier, dans une double démarche intertextuelle et inter-iconique, l’ambiguïté de l’image du clochard, en s’arrêtant notamment sur le sens des différentes dénominations qui lui sont données : mendiant, quémandeur, chemineau, clochard, indigent, gueux, vagabond, nomade, errant, SDF… Quelles dénominations sont retenues par Atget ? en quoi font-elles sens dans ses photographies ?

Propositions d'ateliers

La lecture de quelques extraits de textes présentant aussi bien le "clochard céleste" que le clochard débile permettent d’approcher la façon dont Atget le met en scène :
- pauvreté visible surtout dans la façon dont les clochards sont chaussés, à rapprocher du dialogue de Vladimir et Estragon quand ils essaient les chaussures (Beckett, En attendant Godot),
- retrait du monde extérieur : le visage est souvent caché, le clochard est représenté endormi, il n’est pas représenté dans le geste du mendiant,
- dignité, malgré les quelques déchets qui entourent les portraits de clochards, ceux-ci conservent toute leur humanité
- position du corps, notamment sur le banc, lieu traditionnel de représentation du clochard.

L’étude peut être poursuivie par la recherche d’autres représentations dans la peinture, la gravure ou la photographie, par exemple :
- la série Street Life in London de John Thomson et Adolphe Smith, 1877
- Paris de nuit (1932) et Paris secret (1976) de Brassai
- L’exposition La photographie humaniste à la BnF, photographie de Georges Viollon (1948).
La littérature de jeunesse est riche de nombreux portraits de clochards qui peuvent nourrir un projet plus large sur ce thème, par exemple les aventures de Lapoigne de Thierry Jonquet.
 

Compléter par une recherche dans plusieurs journaux des articles traitant d’un même événement concernant les "sans domicile fixe". Découper les photographies. Réaliser un montage des différentes photographies recadrées ou non pour constituer un album à fond perdu. Quel est le vocabulaire, quelles sont les images utilisées (mélioratives, dépréciatives, empathiques, ironiques…), les niveaux de langue ? Quelles sont les correspondances possibles dans la photographie ?

Variante : réaliser un album avec l’ensemble des photographies en accompagnant chacune d’un qualificatif ou d’un nom dans un registre déterminé : descriptif, éthique, compassionnel, empathique, etc.

Analyse d’une photographie. Choisir une des photographies de clochards réalisée par Eugène Atget. Á l’aide d’un calque ou sur écran, tracer les lignes de fuite, les principaux éléments de la composition. Déterminer la position du photographe au moment de la prise de vue. Comment Eugène Atget le met-il en scène ?
Imaginer sous forme de récit, puis selon une approche sociologique, l’histoire du clochard. Qui est-il ? D’où vient-il ? Comment est-il arrivé à cette situation ? Comment vit-il ?

Á partir de ces éléments, réaliser un album sous forme de reportage photographique sans présence humaine. Dessiner un personnage dans diverses positions, le découper, le placer et le coller sur chacune des photographies pour construire une narration en images.
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