La réalisation d’une série ou d’un
album sur les métiers d’aujourd’hui, quel qu’en
soit l’angle thématique d’attaque (petits métiers,
métiers en voie de disparition, métiers dits d’avenir,
métiers de la rue, etc.) suppose un projet de longue haleine,
mené de préférence avec un artiste ou un photojournaliste
et avec l’aide d’un centre d’art. Sa mise en œuvre
suppose un cahier des charges précis, la définition d’une
problématique, la constitution d’un corpus, la prévision
des conditions d’exposition (diaporama, site Internet, album
papier, etc.). Pour des questions de cohérence et de délimitation
du corpus, il est préférable de se limiter à un
lieu institutionnel ou économique (l’école, une
institution, une entreprise…), à un espace restreint
(une rue, une place), à corps de métier. Une fois le
projet défini, il est nécessaire d’obtenir toutes
les autorisations des administrations, des entreprises… comme
des personnes photographiées. Se pose ensuite la question de
la prise de vue en fonction de la problématique. Les sujets
doivent-ils poser ? Jouer un geste de leur métier ?
Sur quel fond : un fond neutre, celui de leur lieu de travail ?
Comment composer avec le sujet et son outil de travail ? La prise
de vue se fait-elle selon un protocole prédéfini (prise
de vue frontale, de trois-quarts, composition des plans, etc.) ?
Avant de se lancer dans la prise de vue, il peut être utile
de prendre le temps d’explorer des œuvres contemporaines
largement accessibles sur Internet comme celles de Jeff Wall, Martin
Parr, Victor Burgin, Véronique Ellena…, mais aussi, ne
serait-ce qu'en contrepoint d'étudier quelques œuvres
littéraires présentant ces petits métiers.
La publicité, les revues et les sites professionnels, etc. offrent
une documentation susceptible de constituer la base d’albums
pour peu qu’on opère des classements sur la base des gestes
du métier, du rapport à l’outil ou à l’environnement
de travail, qu’on retravaille cette documentation par le dessin,
le collage, le montage photographique.
Dans un premier temps, l’étude des postures, des gestes
conduit à la réalisation de mises en scène photographiées.
Ces mises en scènes, découpées, sont ensuite collées
sur papier ou montées sur écran sur un fond d’environnement
de travail en relation avec un mobilier, des outils et des productions
spécifiques.
Chaque image obtenue est montée dans un album, un ensemble de
pages web, un diaporama, une vidéo selon une mise en séquence
prédéterminée documentaire (sociologique, gestuelle…)
ou narrative. Pour les élèves les plus jeunes, l’étude
d’albums de jeunesse peut se révéler efficace pour
réfléchir au préalable sur les notions de séquence
et d’enchaînement des séquences. Avec des élèves
plus âgés ou dans le cadre d’un projet à plus
longue échéance, l’environnement peut être
créé sous forme de maquette ou à l’aide de
modèles réduits, le photomontage ou le collage permettant
par la suite d’éviter les problèmes d’échelle.
Sur la création de ces environnements, l’étude de
l’œuvre de Thomas Demand ouvre d’amples perspectives ;
sur le découpage de personnages et le montage dans des environnements
spécifiques, un détour par l’étude de la série
Station de
Vincent
Debanne permet d’étayer la réflexion sur la cohérence
entre la figure et l’environnement.
Le projet peut être accompagné de la
lecture
de textes anciens ou contemporains qui mettent en scène des petits métiers,
individuels ou en entreprise, par exemple, parmi de nombreux titres