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Déambulation, errance dans la ville


Le regard sur la ville implique le choix de l’extérieur, de la rue. Il y a de multiples façons d’exercer son regard : la promenade, la déambulation, qui consiste quelquefois à se laisser prendre, happer par la ville, ou la flânerie, sont un thème littéraire ancien, souvent empreint de rêveries ; la topographie, traditionnellement à caractère documentaire, vise à "épuiser" le lieu. L’approche est alors systématique par thèmes, par espaces circonscrits, avec des protocoles d’observation précis ; elle a pour objectif de constituer une collection organisée en fonction des choix de l’artiste ou d’une commande, susceptible d’apporter une connaissance, voire une possession, de l’objet par sa représentation.
Ainsi au XIXe siècle se constituent des collections classées selon des typologies. Eugène Atget crée des séries, que le spectateur moderne peut aussi considérer comme autant d’itinéraires à thème (les bâtiments ordinaires ou non, les interstices entre les bâtiments comme les cours, les commerces, les portes, etc.)
 
Nourri des séries d’Atget, on peut, en décalage avec sa démarche, imaginer différentes conventions de point de vue, différents protocoles de prise de vue, différentes contraintes de déambulation, armé d’un cadre de bois ou de carton ou d’un appareil photographique, avec l’appareil posé ou fixé sur pied, la prévisualisation, mentale, sur le dépoli ou sur l’écran de l’appareil, et la conservation de la prise, comme passages obligés.
La réalisation d’un album à partir d’un itinéraire à thème peut prendre la forme d’une déambulation à pied ou en transports en commun, comme dans de nombreuses œuvres du début du XXe siècle (par exemple Guillaume Apollinaire, André Breton, Louis Aragon, Léo Malet) et quelques œuvres contemporaines (Jacques Réda, François Maspero), d’un roman photo, notamment d’un polar (Léo Malet, Jean-François Vilar), d’une bande dessinée à base de photographies, d’un diaporama, s’accompagner d’un texte narratif ou descriptif. Mais on peut aussi avec Balzac réfléchir sur la pratique gourmande de la flânerie.

Objectif

Se constituer un itinéraire personnel de découverte de la ville et le communiquer dans une forme en cohérence avec la sensibilité exprimée. Le confronter à d’autres itinéraires.

Propositions d’ateliers

Muni d’un appareil photo, argentique ou numérique, le premier temps peut être celui d’une errance, les rues suivies au gré du désir par l’ensemble des élèves ou par petits groupes, à partir d’un point de départ et de points de ralliements. Selon le protocole choisi, prendre suffisamment de photos pour que l’itinéraire prenne sens tout en ménageant le hasard. L’itinéraire urbain est une invitation à l’attention au cadre, au cadrage, à l’angle de prise de vue, aux jeux des lumières et des ombres, des reflets sur le sol, les murs, aux contrastes du ciel et de l’objet urbain, mais aussi à la recherche d’atmosphères déterminées à l’avance (pittoresque, étrange, inquiétante, douce, etc.) et de rencontres, liées au hasard, provoquées par le rapprochement d’éléments insolites…
L’exercice impose en amont ou en aval la découverte de l’œuvre de Brassaï, dont on trouve de nombreuses reproductions sur la toile.
La réalisation de l’album, du diaporama, du site, du blog construit la déambulation à travers les images, avec ou sans l’accompagnement d’un texte.
 
Dans une deuxième approche, les photographies, recadrées ou non, peuvent être l’objet d’intervention sur le négatif ; après tirage, ou sur écran, l’objet d’un montage, d’une superposition d’écriture, d’un collage de représentations d’objets ou d’une intervention à la peinture ou au feutre.
 
L’exercice est accompagné de la visualisation et de l’étude des photos écrites et des photos peintes et écrites de François-Marie Banier ou de celle des montages de Plug-in City d’Alain Bublex.
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